« War inside my head », gravure sur bois, éd. Jordan-Seydoux, 85 × 64 cm - 2017 - © Damien Deroubaix / © ADAGP, Paris, 2024. Photo BnF, Paris
Du mardi 15 octobre 2024 au dimanche 16 février 2025
Site Richelieu - Galerie Mansart - Galerie Pigott
Accès : 5, rue Vivienne - 75002 Paris
La Bibliothèque nationale de France expose Damien Deroubaix (né en 1972), figure singulière de la scène artistique contemporaine. Son travail, nourri depuis le début des années 2000 d’un regard acéré sur la société actuelle et ses maux, est pour la première fois présenté dans une institution nationale. L’œuvre protéiforme et polysémique de l’artiste, tôt entrée dans les collections de la BnF, est mise en résonance avec quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de la gravure, de Dürer à Gauguin.
Parmi les artistes majeurs de sa génération, Damien Deroubaix est l’un des rares à placer conjointement au centre de sa pratique la gravure, la peinture et la sculpture, qu’il réinvente par des circulations incessantes entre ces différents médiums. Iconoclaste, allégorique, son art reste hanté par la musique death metal découverte à l’adolescence. Il est aussi empreint de références à l’histoire de l’art, aux œuvres d’illustres prédécesseurs ou d’immédiats contemporains, maîtres de la peinture et de la gravure ou figures de la contre-culture.
L’EXPOSITION EN BREF
Plus de soixante-dix peintures, estampes, panneaux gravés et sculptures – pièces anciennes ou très récentes, certaines créées spécialement pour l’exposition –dialoguent avec une sélection de chefs-d’œuvre de la gravure issus des collections de la BnF.
L’exposition propose un parcours du processus créatif de Damien Deroubaix, en soulignant le rôle de la gravure dans la construction de son vocabulaire et dans l’invention de formes nouvelles. Le parcours de visite – un aller-retour dans la galerie Mansart, rythmé par trois parties – met en lumière l’évolution des questionnements de Deroubaix et de leur expression, depuis la dénonciation brute et directe des violences des mécanismes de pouvoir jusqu’à une réflexion plus intériorisée sur la place de l’homme dans l’univers et le rôle de l’artiste.
Ouvrant le parcours, « Apocalypses » met en avant les principes d’hybridation, de citation et d’autocitation sur lesquels se fonde l’art de Deroubaix. Figures de la mort et créatures monstrueuses, inspirées de Hans Baldung Grien, Hans Holbein ou Albrecht Dürer, maîtres des écoles du Nord de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, ou puisées chez les grands caricaturistes modernes, le Mexicain Jose Guadalupe Posada et l’Allemand John Heartfield, sont au cœur des compositions grinçantes des estampes, bois gravés et peintures présentés dans cette section.
La seconde partie « Chaos, théâtre du monde » réunit un ensemble d’œuvres, majoritairement graphiques, portant la marque de l’influence de Goya et Picasso, avec lesquels Deroubaix a engagé une relation essentielle et dont il admire à la fois l’approche de l’allégorie et l’engagement. Ses eaux-fortes et bois gravés, inspirés par la puissance dramatique de leur œuvre imprimé, dénoncent, dans de macabres mises en scène, les horreurs de notre temps.
Avec une pratique aujourd’hui centrée sur la peinture à l’huile sur toile, l’œuvre de Deroubaix s’ouvre sur de nouvelles problématiques.
Les pièces présentées dans la dernière partie « Vanités, portrait de l’artiste en chaman » rendent compte de ces explorations. Références directes aux dernières peintures de Paul Gauguin et Vincent Van Gogh, autoportraits et natures mortes, travail sur la couleur, complexification des compositions, interactions inédites entre gravure et peinture, accompagnent une réflexion aux accents
COMMISSARIAT
Cécile Pocheau-Lesteven, conservateur en chef au département des Estampes et de la photographie, BnF
En partenariat avec Le Monde, Le Point, Beaux-Arts Magazine et Arte.
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